Qui est Dohee, cette étrange adolescente que décide de prendre sous son aile la jeune commissaire de police Young-Nam, fraîchement débarquée de Séoul? La jeune femme, qui vient d’être mutée dans ce petit port de pêche, est d’autant plus intriguée par le comportement singulier de cette enfant battue qu’une omerta règne dans le village sur les exactions d’une famille d’ivrognes.

La première réalisation de la réalisatrice July Jung emmène son spectateur vers des voies sans cesse détournées: ce n’est ni un polar, ni un film social mais le portrait de deux femmes à la dérive dans la Corée du Sud d’aujourd’hui. Le titre original du long-métrage s’appelle d’ailleurs « Dohee » rendant hommage au prénom de la jeune adolescente.

Soit deux jeunes femmes qui doivent affronter un monde violent et machiste: l’environnement familial et la rumeur villageoise. Ces deux solitudes vont donc naturellement se retrouver, l’une cherchant le refuge chez son aînée policier, cette dernière traînant derrière elle un secret qu’elle noie dans l’alcool (ces petite bouteilles de Soju, un alcool bon marché qui tire à 20°).

Le film de la cinéaste met en lumière le courage de ces femmes qui doivent sans cesse se réinventer: l’une n’est pas le « petit monstre » manipulateur qu’on veut bien croire, l’autre ne peut fermer les yeux sur les non-dits et les violences. Si July Jung a tendance a trop brasser de sujets en même temps (l’exploitation d’immigrés clandestins n’était pas vraiment nécessaire à ajouter dans la balance déjà lourde du père), son film pointe les raccourcis et amalgames qu’une société peut tirer à propos des personnes homosexuelles.

D’une beauté formelle et interprété par deux magnifiques actrices dont Doona Bae vue dans « The Host » et « Air doll » , « A Girl at my door » est un film porté par la volonté d’accepter et de comprendre les êtres que nous sommes.