Parmi les « films de plage » qui ont marqué les mémoires des cinéphiles, « Pauline à la plage » et « Conte d’été » figurent parmi ceux qui allient des dialogues brillants et des ambiances sensuelles. Il est vrai qu’Eric Rohmer savait choisir ses actrices et maniait comme personne l’art du jeu de la séduction et des troubles amoureux.

« Ava » est de ces films attachants grâce notamment à la beauté et à la sensualité de ses jeunes acteurs dont on va suivre les premiers émois ainsi que le passage à l’âge adulte. Atteinte d’une maladie qui lui fait perdre la vue, la jeune fille de 13 ans (Noée Abita) passe ses vacances dans les Landes avec sa mère, dont on devine une vie sentimentale désordonnée.

Errant sur une plage bercée par des vagues et jonchée de corps bronzés (le premier plan pourrait être une photographie de Raymond Depardon), la jeune fille assiste à une rixe entre une jeune femme et son compagnon. Compagnon dont l’adolescente tombe sous le charme. A l’abri d’un ancien bunker allemand, héritage de la seconde guerre mondiale, Ava découvre la sensualité des corps et l’expérience de la sexualité.

C’est le duo d’acteurs, dont les corps nus éclatent à l’écran, qui fait la fraîcheur et le charme du premier film de Léa Mysius, par ailleurs scénariste du récent film d’Arnaud Desplechin Les Fantômes d’Ismaël. Mais la diplômée de la Femis charge son film de passages inutiles (un cauchemar « lynchien », une police-montée pour signifier la répression, une bande-son beaucoup trop omniprésente…)

Il aurait fallu élaguer son propos et ne retenir que le passage initiatique de la jeune Ava, interprétée par l’éblouissante Noée Abita, qui forme une idylle sensuelle et déjantée digne d’un Bonnie and Clyde des plages landaises.

On garde malgré tout en tête les grands yeux noirs d’Ava et sa folle virée vers une vie qu’elle veut accomplir en femme libre.