A quelques jours de la première épreuve du baccalauréat, Eliza se fait agresser sur le chemin du lycée. Effondrés, ses parents vont s’écarter de leurs principes moraux et échauder un plan pour que leur fille obtienne le précieux sésame. Pour ces quinquagénaires qui forment un couple en déliquescence, le départ de leur fille vers l’Europe occidentale n’a pas de prix.

Quelques mois après la sortie de Illégitime , un autre film roumain doté d’une grande force, on retrouve l’excellent acteur Adrian Titieni dans le rôle de Roméo, le père d’Eliza. Médecin respectueux et probe, l’homme est touchant dans son obstination à vouloir « sauver » sa fille. Roméo et sa femme incarnent les espoirs déçus d’une génération, celle d’avant Eliza, qui mettaient tous leurs espoirs d’une transition de la Roumanie vers la démocratie.

S’il fallait le réécrire, Critian Mungiu est évidemment un immense cinéaste: il le confirme dans « Baccalauréat » avec ses plans en hors-champs, ses personnages à la dérive qui sortent du cadre, son étouffante tension dramatique et son intransigeance formelle.

Sans concession, Baccalauréat pose le problème des paroles et des actes, de ce qu’on est et ce qu’on fait. C’est aussi et surtout le portrait magnifique d’un père désillusionné, naïf quand il découvre que sa fille n’est plus vierge et prêt à se corrompre pour elle.