Banlieue parisienne dans les années 1980. Une jeune femme de 17 ans, Prudence, est fascinée par les courses illégales de motos qui se déroulent la nuit du côté de Rungis. Prudence vient aussi de perdre sa mère.

Un premier film d’une incroyable maîtrise formelle et émotionnelle, c’est ce que nous livre Rebecca Zlotowski, qui s’est vue couronnée en 2010 du prix Louis-Delluc (qui récompense la meilleure première œuvre).

Prudence, incarnée avec beaucoup de sensibilité par Léa Seydoux, est une jeune femme qui refoule la mort récente de sa mère. Issue d’une famille de confession juive qui semble pourtant l’entourer, c’est seule qu’elle décide de partir vers d’autres chemins. Délaissant les études, avec sa copine Maryline (Agathe Schlencker, très juste comme la totalité casting), Prudence est aimantée par Franck (Johan Libéreau) et ce monde dangereux mais libre des motards.

On ne sait pas trop quand se situe l’action de « Belle Épine »: dans les années 1980 ou 1990? Mais ça n’a pas d’importance. On ne voit pas grand chose non plus des halles de Rungis (le film a d’ailleurs été tourné au Havre!). On aperçoit un temps la capitale et ses lumières, comme un monde inaccessible… Cette forme volontairement floue nous focalise vers Prudence, solitude qui erre dans un univers de découvertes, d’interdits et de désirs. La jeune fille de 17 ans, désormais orpheline, est en passe de devenir adulte.

La sublime musique de ROB, avec ses influences du « Virgin Suicides » d’Air et de Pink Floyd, ajoute une envoutante atmosphère à cette œuvre douloureuse et superbe. Les morceaux « Motors » (qui ouvre le film) et « Rungis » sont magnifiques. La scène finale de « Belle-Épine » est à elle seule un choc cinématographique: Prudence est confrontée de plein fouet à son refoulement (il est à noter que la propre mère de Léa Seydoux, Valérie Schlumberger, incarne le personnage maternel).

« Belle-Épine » est une virée psychologique fascinante et émouvante.

Ci-dessus: Anaïs Demoustier et Léa Seydoux sont des jeunes et talentueuses actrices avec qui il faut désormais compter.