Hayuta et Berl, deux octogénaires israéliens, voient débarquer une assistante sociale, spécialement dépêchée pour évaluer leur autonomie dans le vieil appartement qu’ils occupent. C’est le début de la fin pour le couple qui ne se voit pas finir leurs jours hors de chez eux. C’est aussi et surtout une remise en question de leurs idéaux socialistes, eux qui ont œuvré toute leur vie pour un état israélien juste et solidaire.

« Epilogue » est le premier film de fiction d’Amir Manor qui, à l’instar de jeunes cinéastes israélien dont les films ont été heureusement distribués sur les écrans français, dénonce un état qui a perdu toutes ses valeurs.  On pense à « My Father, my Lord » (2007) , « Une jeunesse comme aucune autre » (2006) ou « Le Policier » (2012).

Les premières minutes du film sont éprouvantes: Hayuta (Rivka Gur), diabétique, et Berl (Yosef Carmon) son mari affaibli, doivent un beau matin faire la démonstration affligeante devant une assistante de leurs facultés physiques et mentales, tels des animaux, pour continuer à recevoir leur maigre pension. Choqué, c’est ce même jour que le couple se résout de ne pas poursuivre la route plus loin. Hayuta et Berl ont décidé sans se le dire, que c’est la nuit prochaine qu’ils s’en iront, Dieu sait où.

C’est l’occasion de renouer enfin le dialogue avec un fils installé aux Etats-Unis, d’aller saluer un vieux compagnon de route plongé dans le coma ou de s’émouvoir, dans une très jolie scène, devant un film au cinéma.

Dans ce film comme un « au revoir », Amir Manor fait le constat sévère d’une jeune génération qui ne regarde plus ses anciens, d’un Etat qui ne s’occupe plus de ses pionniers obligés de faire les fins de marché pour survivre. D’un Israël recentré totalement sur lui-même.

Ce long-métrage brut et sévère, à la dimension politique universelle, garde tout de même le sourire: dans une ultime scène de nuit, nos deux vieux se prennent de fous rires au cours d’un repas improvisé dans une pizzeria.