Qui a dit que le cinéma français se regardait le nombril? Si en effet certaines productions nationales sont d’un irritant parisianisme, cette « Frances Ha » tant plébiscitée dans les festivals ne sort pas non plus de son microcosme, new-yorkais pour celui-ci. Et quand elle en sort, c’est pour mieux y retourner.

Frances (Greta Gerwig) est une chorégraphe de vingt-sept ans qui, de colocations en colocations, cherche le grand amour, si possible dans un loft bien situé à Tribeca ou dans un autre quartier en vue. Avec sa confidente Sophie (Mickey Sumner), cette « undatable » (incasable) jeune femme cherche sa voix professionnelle – et personnelle – chez les métrosexuels de la Big Apple.

Tourné en noir et blanc, le film de Noah Baumbach, en plus de suivre les aventures de son héroïne presque trentenaire, est surtout une ode à sa compagne Greta Gerwig, également co-scénariste du film. Narcissique, « Frances Ha » accumule les clichés sans prendre vraiment de la distance. Ce qui voulait être le portrait piquant d’une trentenaire branchée est d’une telle mièvrerie qu’on a du mal à penser que les auteurs aient voulu faire une satire d’un certain milieu social.

Les quelques bons moments (dans la deuxième partie du film) et le charme de Greta Gerwig ne sauvent pas « Frances Ha » d’une accumulation de clichés et d’une morale si étroite qu’elle en devient presque confondante: c’est dans la Big Apple qu’on y est le mieux.