C’est une descente aux enfers peu commune dans laquelle nous plonge Thomas Arslan, cinéaste issu de la Berliner Schule, une sorte de « Nouvelle Vague » allemande qui a déjà révélé des réalisateurs comme Christian Petzold l’auteur de « Barbara » déjà avec Nina Hoss.

Sur fond de western crépusculaire situé au 19ème siècle, « Gold » narre l’histoire d’un groupe d’hommes et de femmes, tous émigrés allemands, à la conquête d’un nouvel Eldorado: les mines d’or de la Colombie Britannique (l’actuel Canada). Pour certains, ce but – que tous n’atteindront pas – est davantage un prétexte vers une nouvelle liberté, faisant table rase d’un passé honteux.

C’est le cas d’Emily Meyer (Nina Hoss), une belle femme issu d’un certain milieu social en apparence, qui débarque au milieu de ces hommes assoiffés d’or. Commence alors, à l’instar de l’indispensable « Aguirre, la colère de Dieu » de Werner Herzog, un long et pénétrant voyage vers les profondeurs des forêts menaçantes et des montagnes infranchissables.

Ce western germanique, avare de dialogues et sans presque) coup de revolver, fait place à une réflexion sur les immigrations – celle de l’ancien Nouveau Monde et celle actuelle de nos pays européens. Il pose les bases de ces peuples qui doivent choisir un leader, punir un membre menaçant pour le groupe, s’engager vers un itinéraire plutôt qu’un autre… Thomas Arslan connaît certes ses classiques dont il s’inspire, depuis « Deliverance » de John Boorman à « Dead Man » de Jim Jarmush, et réussit un film intimiste, sombre et désespéré porté par la troublante et magnifique Nina Hoss.