« Radioscopie d’une famille bourgeoise » aurait pu être le titre du nouveau film du cinéaste autrichien qui, depuis quelques films dont « Caché » et « Amour » , a installé sa caméra en France.

Forcément dans les œuvres de Michael Haneke, l’humanité dans ses personnages est rare. Dans « Happy end », elle est totalement absente: depuis la petite-fille Ève (Fantine Harduin, étonnante) jusqu’au patriarche Georges Laurent (Jean-Louis Trintignant, monumental), aucun des protagoniste ne possède une once de bonté ni d’altruisme. Tous sont petits, calculateurs et menteurs.

Est-ce là le reflet de nos contemporains à l’heure où l’Europe semble plus fragile que jamais? Où misère humaine s’accroît et voyageurs migrants affluent de toutes parts? Michael Haneke dresse un constat froid et implacable: nos contemporains se replient sur eux-mêmes laissant notre civilisation et toutes les valeurs humanistes qu’elle incarna s’écrouler.

« Happy end » est un nouveau chef d’oeuvre du maître autrichien dont les plans sont stupéfiants de beauté. Le cinéaste, habitué à l’intransigeance, pousse ses personnages dans leurs retranchements. Aucun n’est à sauver depuis la fille (Isabelle Huppert) en passant par le fils (Mathieu Kassovitz) et le petit-fils (Franz Rogowski).