« Hungry hearts » démarre comme une comédie indépendante new-yorkaise un peu naïve mais déjà très oppressante: les deux protagonistes sont enfermés malgré eux dans les toilettes d’un restaurant chinois. Au fur et à mesure que le film se déroule, c’est d’autres genres cinématographiques qui se succèdent les uns aux autres: drame, thriller et même fantastique.

Mina, une jeune femme italienne travaillant à New-York, rencontre Jude, un ingénieur trentenaire. Ces deux êtres solitaires vont s’aimer et, rapidement, le fruit de leur amour va voir le jour. Ce bébé qui est arrivé si vite, après un mariage express, va chambouler Mina. En mère aimante, elle va vouloir protéger son enfant du monde extérieur. Le surprotéger même sans se rendre compte qu’elle nuit à la santé de sa progéniture et à l’équilibre de son couple.

Mina, c’est l’italienne Alba Rohrwacher qui incarne ce personnage d’une jeune femme instable qui s’isole dans un monde qu’elle refuse. On l’avait vu dans « Amore » et « La Belle endormie« . Jude, c’est Adam Driver, un garçon très doux malgré son mètre quatre-vingt-dix.

Le film de Saverio Costanzo rappelle évidement un autre film qui traitait du rapport psychiatrique à la maternité, « Rosemary’s baby » de Roman Polanski. Dans « Hungry hearts », les plans sont oppressants, la lumière du jour est blafarde, les corps amaigris et fatigués. Saverio Costanzo réussit à faire de son film une passionnante étude clinique et un film d’amour: on ne peut être qu’attendri par le personnage de ce père qui souhaite comprendre la folie de sa femme et la protéger.

Mais le cinéaste s’attache trop à la forme de son film, déconcertante, qu’à son scénario qui manque tout de même de finesse. C’est dommage.