La Chasse illustre le retour au sommet du cinéaste danois Thomas Vinterberg dont le percutant Festen (1998), tourné selon les principes du Dogme 95 (un art de filmer co-initié par Lars Von Trier), évoquait un dîner familial qui virait au tragique avec les accusations d’actes pédophiles auquel s’adonnait le patriarche.

La Chasse aborde un thème similaire, la pédophilie, mais cette fois c’est une communauté villageoise qui s’en prend à un seul homme (Mads Mikkelsen), employé dans une école maternelle, accusé par une petite fille de comportements déviants. Les villageois, telle une meute de loups, vont se faire justice eux-mêmes et se transformer en de  violents bourreaux.

Le cinéaste a voulu dans La Chasse dénoncer un regroupement d’individus qui, sous l’émotion et la colère justifiés, ne doutent aucunement d’une possibilité d’innocence de l’accusé. Les rumeurs qui enflent et qui deviennent des vérités renvoient naturellement à ce qui s’était passé en France lors du procès d’Outreau.

Thomas Vinterberg filme parfaitement cette paisible communauté qui sait s’adonner aux joies viriles de baignades en eaux froides, aux festins alcoolisés ou à la chasse aux cerfs, mais qui devient un bloc barbare et écervelé. Des interrogations, des doutes s’installent parmi ses proches. Mais « La Chasse » souffre de son manque de nuances: jamais le spectateur ne doute un seul instant de l’innocence de Lucas.

Tourné dans la belle campagne danoise à l’automne, La Chasse vaut surtout par son interprète, Mads Mikkelsen, souvent habitué aux rôles de durs, qui a remporté pour ce rôle le Prix d’Interprétation Masculine à Cannes en 2012.