Antonin Peretjatko poursuit avec « La Loi de la jungle » son attachement à une comédie française absurde, désuète et dévergondée comme les années 1960 et 1970 les ont parfois portées au sommet. Après l’hilarant « Fille du 14 juillet » (2013), le cinéaste reprend les mêmes recettes de son précédent succès et transporte ses héros retrouvés (Vincent Macaigne et Vimalas Pons, un vrai couple de cinéma) en Guyane française.

Nous sommes sous l’ère du président Chirac – ou bien serait-ce celle de Mitterrand? – les portraits des deux chefs d’état décorant tout à tour un bureau ministériel de Rosio (Jean-Luc Bideau): un stagiaire de trente-cinq ans tout de même (Vincent Macaigne, excellent comme toujours) est dépêché en Guyane pour superviser les travaux d’une piste de ski couverte… Il est vrai qu’au nom du tourisme, nos politiques signent parfois des projets farfelus, incohérents voire inutiles (confère le fameux pont qui relie la Guyane et le Brésil). Est-ce une pique à Notre-Dame-des-Landes, l’aéroport dont personne ne veut mais que les édiles s’obstinent à construire? L’administration en prend pour son grade dans « La Loi de la jungle » !

Chez Peretjako, point de méchanceté ni de révoltes, mais une bonne humeur pour dénoncer une société qui ne tourne pas toujours rond. Une série de personnages grotesques entourent Tarzan (Vimala Pons, une Jane avec la clop au bec) et Marc Chataîgne (Vincent Macaigne, ahuri lunaire qui rend un hommage certain au grand Pierre Richard). La révélation du film, c’est certainement Rodolphe Pauly, vu il y a longtemps dans « Merci pour le chocolat » de Chabrol, qui incarne ici un cadre prétentieux et méprisant.

Le film enchaîne les situations hilarantes dans une nature magnifiée où Vimala Pons révèle une nouvelle fois ses charmes. Bercé par des musiques éclectiques, « La Loi de la jungle » est un film tendre qui emmène le spectateur sur le chemin heureux du lâcher prise.