Le voici donc, ce film très attendu du finlandais Aki Kaurismäki, qui porte le nom du célèbre port français, reconstruit par l’architecte Auguste Perret. Avant même que le film sorte, il bénéficiait d’une aura rare pour ce genre de films.

A l’instar du récent « Neiges du Kilimandjaro » (dans lequel le prolifique Jean-Pierre Darroussin jouait), « Le Havre » se situe plutôt dans le conte social, mâtiné de rétro: un cireur de chaussure, à la diction parfaite, aide un réfugié africain à atteindre la rive anglaise. Mais les délateurs et la police veillent au grain…

Le film dure 1h30 mais paraît long et (vraiment trop) prévisible. Aki Kaurismäki idéalise ces petites gens d’un quartier populaire du Havre: ils ne sont que bonté et charité, malgré leurs trognes parfois dignes des films de Jean-Pierre Mocky. Et forcément, la police joue le mauvais rôle. Quoique, le commissaire Monet a du cœur, lui…

On est baigné de musiques rétro et du rock havrais de Little Bob dans des décors surranés mais trop reconstitués pour être crédibles. On aime cette idée d’intemporalité et d’ancrage dans les années 1950 et 1960, mais le trait est beaucoup trop forcé. Était-ce nécessaire?

Restent les comédiens dans ce scénario sans surprise. La voix grave et la silhouette d’André Wilms sont parfaites pour incarner Marcel Marx, attachant cireur de chaussures. Ce comédien trop rare (on se souvient de l’inspecteur de « Monsieur Hire » de Patrice Leconte) avait déjà joué dans les films de Kaurismäki, notamment dans son film muet « Juha » (bien avant « The Artist« , Kaurismäki avait expérimenté le film sans paroles!). Jean-Pierre Darroussin est parfait comme d’habitude. Le reste de la troupe est sous-exploité malgré de grands comédiens: Pierre Etaix, Jean-Pierre Léaud (autre fidèle du cinéaste)…

Le message humaniste de Kaurismäki manque de relief et tombe dans une naïveté excessive. Dommage!

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