Le réalisateur Philippe Le Guay aime surprendre: il passe avec talent du drame social (l’excellent et trop méconnu « Trois Huit ») à la comédie (« Le Coût de la Vie », déjà avec Luchini). Ici, il évoque ses souvenirs, lorsqu’il était enfant dans ce Paris bourgeois des années 1960. Derrière les immeubles cossus du 16ème arrondissement de la capitale, un véritable microcosme social s’installe avec l’arrivée de domestiques espagnoles. Un jour, Jean-Louis Joubert (excellent Fabrice Luchini), bon bourgeois blasé, monte les étages…

Évidemment, cette fable optimiste peut être convenue et prévisible. Mais « Les femmes du 6ème étage » est d’une telle fraîcheur, qu’on se prend au jeu. Le cinéaste a su rassembler une très belle troupe de comédiens: les femmes espagnoles d’abord: depuis Carmen Maura à Lola Duenas, toutes deux égéries des films d’Almodovar, on est comblé pas leur charme et leur détermination. Sandrine Kiberlain prête un jeu mi-retenu mi-exubérant dans son rôle de bourgeoise oisive mais débordée…

C’est un improbable duo qui porte littéralement cette comédie sociale: Fabrice Luchini, qui retrouve un rôle de bon bourgeois qu’il incarnait déjà dans Potiche, nous transporte dans un jeu comique et touchant. La vraie découverte, c’est Natalia Verbeke: un charme fou, une présence évidente. Elle vole la vedette à la belle troupe d’artistes qui l’entoure.

Des décors savamment reconstitués, des seconds rôles parfaits (à l’exception des deux enfants du couple), un scénario décomplexé (l’affrontement social est facile mais crédible) et pour couronner le tout, une bande originale talentueuse: Jorge Arriagada, musicien habitué des films de Raoul Ruiz, signe ici une très jolie partition.

On sort de ce 6ème étage avec une belle joie de vivre!

Ci-dessus: Fabrice Luchini et Sandrine Kiberklain, parfaits en bourgeois étriqués.

Ci-dessus: Natalia Verbeke, craquante, vole la vedette à Fabrice Luchini et Sandrine Kiberklain.

Ci-dessus: Fabrice Luchini et Carmen Maura.