Film noir par excellence, le nouveau film de Claire Denis ne laisse nullement planer le doute sur la personnalité obscure de ses protagonistes. Marco Silvestri (Vincent Lindon), commandant à bord d’un supertanker, doit revenir sur terre en raison du suicide de son beau-frère. A Paris, il retrouve sa sœur Sandra (Julie Bataille) ainsi que sa nièce (Lola Creton) qui a subit des attouchements sexuels de la part de l’ancien associé de son beau-frère, Edouard Laporte (Michel Subor). Marco décide de venger les siens et fait la rencontre de la belle Raphaëlle (Chiara Mastroianni), la maîtresse de Laporte…

Tout est dans le titre du film de la talentueuse et iconoclaste Claire Denis: hormis son vengeur, les personnages de la réalisatrice sont tout aussi abjectes les uns que les autres, dominés par la personnalité dévastatrice d’Edouard Laporte, interprété par le puissant Michel Subor habitués des plateaux de la cinéaste. Dans cette longue nuit, victimes et bourreaux se côtoient et changent parfois de masques.

Les magnifiques scènes d’amour, dans la cage d’escalier d’un appartement Haussmannien, entre Vincent Lindon et Chiara Mastroianni laissent entrevoir un peu de lumière dans ce film très glauque mais parfaitement assumé. Depuis des granges perdues dans la campagnes, lieux de toutes les orgies, en passant par des scènes d’accident ou des appartements vides, Claire Denis voit tout en noir dans « Les Salauds ». Mais le film, grâce à un réalisation très épurée et à la musique planante des Tindersticks (le groupe mené par Stuart Staples), fascine tout son long. Et les comédiens, Vincent Lindon en tête ainsi que la troupe d’habitués de la cinéaste (Alex Descas, Grégoire Colin et Michel Subor) jouent leurs personnages sur la noire partition du film. Seul l’avocat Eric Dupond-Moretti dans son propre rôle est peu crédible (un comble!).