Voici un film qui, à en lire le synopsis, laissait présager un de ces récits forts de l’Histoire que le cinéma nous livre par missive, comme avec le beau Les Égarés d’André Téchiné par exemple. Hélas, on se retrouve avec Lore devant un gâchis dû à la fois par une réalisation exaspérante et un scénario totalement vide.

L’histoire de cette jeune fille, Hannelore, larguée sur les route de l’Allemagne en pleine débâcle – nous sommes en 1945 – avec ses jeunes frères et sœur méritait pourtant un traitement plus rigoureux. Tant dans sa forme que dans son fond. Abandonnés par leurs parents qui ont officié pour le régime nazi, Lore et sa fratrie s’en vont depuis la Forêt Noire rejoindre leur grand-mère à Hambourg. La petite équipée va traverser une Allemagne meurtrie, éventrée et morcelée en zones occupées par les alliés.

La cinéaste australienne Cate Shortland avait pour ambition de livrer une œuvre poétique et naturaliste: sa caméra effleure la nature, les personnages et maintes détails… Mais ces trop nombreux effets de style deviennent exaspérants et sont totalement à propos. Entre les ralentis et le mouvement incontrôlé de la caméra, Lore lorgne plus du côté du téléfilm que d’une œuvre forte et radicale. Sans être Haneke, on aurait pardonné l’ambition picturale que la réalisatrice voulait pour son film si elle n’avait pas construit son scénario dans la permanente démonstration: le trait est appuyé, tout y est forcé et surligné… Le pire étant lorsque Lore superpose la photo de son père nazi avec celle de charniers… Tout comme une grand-mère qui fait chanter des bambins face au portrait du Fürher: on avait compris que la vieille dame est hitlérienne… Même la musique du pourtant talentueux Max Richter (Valse avec Bachir) est empesée de lourdeurs.

Face à ce désastre, le doux visage de Saskia Rosendhal qui interprète Lore et l’interprétation de Kai Malina (Le Ruban Blanc) atténuent (un peu) notre franche déception.