Dans un Paris vidé de ses habitants, un jeune couple, Pierre et Manon, réalise ensemble des films documentaires sur la Résistance. Vivant chichement dans un petit appartement du quartier populaire des grands boulevards, Pierre doute de lui et s’enferme dans un mutisme étouffant. Il entame néanmoins une relation avec Elisabeth, une jeune stagiaire affectée aux archives cinématographiques des studios dans lesquels il travaille.

Le film de Philippe Garrel fait figure d’exception dans le cinéma d’aujourd’hui: il est tourné en 35 mm, dans un beau noir et blanc et les errements amoureux ont comme un parfum désuet des œuvres de Truffaut et de Rohmer. Sous ses aspects intemporels et dans une réalité un peu dépassée, « L’Ombre des femmes » est une réflexion sur la condition de l’homme et de la femme dans notre société: la frustration et l’amertume les envahissent, comme les héros du livre de Georges Perec « les Choses », lorsqu’ils se mentent à eux-mêmes. L’antipathique héros du film de Garrel est un jeune homme triste, impulsif et méprisant. Son machisme en est même choquant à notre époque lorsqu’il déclare à sa femme (très bien interprété par Clotilde Courau) que « c’est normal que les hommes trompent les femmes et que l’inverse ne l’est pas ».

« L’Ombre des femmes » est un film-hommage à toutes les femmes qui, par leur amour sincère, font évoluer et grandir les hommes veules et lâches. L’expérience de la rupture va faire évoluer Pierre (joué par le ténébreux Stanislas Merhar) qui découvre enfin, dans ce récit initiatique, que la vie n’est parfois qu’un mensonge.