Alain Cavalier et Vincent Lindon jouent un drôle de jeu: celui du président et de son premier ministre. Ils se filment l’un et l’autre, s’amusent, posent des questions de société. Entre improvisation, réalité et fiction, le cinéaste casse les codes du cinéma.

C’est une oeuvre déconcertante et jouissive que nous sert Alain Cavalier, cinéaste qui signe ses derniers films avec autant de minimalisme que possible. Le spectateur est d’abord surpris puis rapidement emballé par ce récit mi-documentaire mi-fiction: on ne sait pas à quoi s’attendre avec cette caméra au plus près des acteurs, qui jouent leurs propres rôles mais aussi ceux, assez insolites, d’un président et de son premier ministre.

« Pater » est d’abord un film politique qui dénonce une élite déconnectée de la base et une société en errance. C’est aussi une farce d’un cinéaste malicieux et hilarant. C’est enfin un brillant film de cinéma: comment raconter une fiction en remettant à plat les bases du cinéma: les acteurs improvisent, jouent un rôle et content leur vie. L’économie de moyen n’empêche nullement de qualifier, par son ingéniosité, son intrigue, de chef d’oeuvre le film d’Alain Cavalier.