Interférer avec le cerveau de sa conjointe plongée dans le coma, c’est la possibilité que donne le cinéaste Kiyoshi Kurosawa à Koichi et sa femme Atsumi, ses Roméo et Juliette des temps modernes. La belle endormie, dessinatrice de mangas, fait l’objet d’une expérience inédite de la médecine pour la tirer de son sommeil: son compagnon peut désormais voyager dans son cerveau pour l’inciter à revenir auprès de lui.

Kiyoshi Kurosawa, après le succès de son brillant diptyque « Shokuzai » (Shokuzai, Celles qui voulaient se souvenir et Shokuzai, celles qui voulaient oublier), nous revient avec une oeuvre bien étrange qui oscille entre film de science-fiction et drame psychanalytique. Ce réalisateur issu de la post-nouvelle vague japonaise est à des lieux de « La belle endormie » de Marco Bellochio. Plusieurs univers sont ainsi proposés par Kurosawa: le monde des vivants et celui où les endormis, plongés dans ténèbres, voient leurs souvenirs d’enfance et le fantastique y être étroitement mêlés. Plus le film avance, plus le réalisateur va brouiller les cartes de son film et amène son spectateur dans un voyage angoissant et hallucinant.

Les images comme la lumière sont savamment pensés dans ce film à tiroirs: le monde des éveillés est froid, clinique et lisse, celui des endormis sombre et angoissant. Les deux acteurs sont beaux et troublants, en particulier Haruka Ayase qui est magnifique.