Patricia Mazuy est une cinéaste rare: peu de films, mais toujours des œuvres iconoclastes. Le dernier en date était le troublant « Saint-Cyr » (2000), avec Isabelle Huppert. « Saint-Cyr » avait pour cadre une maison d’éducation de jeunes filles au XVIIème siècle. Dans cette école avant-gardiste, les jeunes filles étaient éduquées aux valeurs de liberté et d’indépendance de la femme.

« Sport de filles » semble au contraire revenir en arrière: une jeune femme prolétaire (Marina Hands), travaillant dans un haras, se laisse petit à petit maîtriser par un dresseur de chevaux acariâtre (Bruno Ganz), lui-même dépendant d’une marâtre fortunée (Josiane Balasko). Une lutte des classes sur fond de compétitions hippiques commence.

C’est un film étrange que nous présente la réalisatrice de « Peaux de vaches »: sous des aspects de simple téléfilm, malgré de très belles scènes équestres, le film pêche par des personnages parfois outranciers (les sauvages Marina Hands et Bruno Ganz) ou caricaturés (Josiane Balasko). La musique de John Cale (l’ancien membre du groupe Velvet Underground de 1965 à 1968 avait déjà composé une brillante et anachronique partition sur « Saint-Cyr ») oscille également entre vulgaires sons rock et mélopées plus recherchées.

Ces quelques surprenants parti-pris n’empêchent pas « Sport de filles » d’être un intéressant exercice de style et un film somme toute pas bête du tout, porté par deux acteurs d’exception: Marina Hands, fougueuse et sensuelle « jument » (elle se nomme Gracieuse, un vrai prénom de cheval…) domptée par l’excellent Bruno Ganz (l’inoubliable interprète des « Ailes du désir » et de « La Chute »).