Quand le cinéma français actuel sort ses comédies sur les écrans, elles sont malheureusement le plus souvent indigestes et formatées. Tant de navets pour si peu de comédies vraiment réussies. Ce n’est en aucun cas le sort de « Tristesse Club » un premier joli film, bien ficelé et parfaitement mis en scène par Vincent Mariette. Si le tandem de deux frères que tout oppose a un petit air de déjà vu, on entre avec délice dans cette intrigue policière à l’humour absurde et irrésistible.

Le point de départ est la réunion de deux frères (les prolifiques Laurent Lafitte et Vincent Macaigne) au moment du décès de leur père sur les bords du lac d’Aiguebelette. Un père qu’ils ne portent pas dans leur cœur: coureur de filles, briseur de rêves, castrateur. Tant d’années qu’ils ne l’ont pas revu et si heureux qu’il s’en aille enfin. Arrivés à la morgue, pas de corps mais une jeune femme mystérieuse (Ludivine Sagnier). S’ensuit un périple à la recherche du père indigne à travers les beaux paysage d’Isère et de Savoie.

Outre ses savoureux dialogues et son côté Agatha Christie au charme désuet, « Tristesse Club » vaut également par ses trois interprètes. On se plaît à redécouvrir un Laurent Lafitte drôle et touchant à la fois: son personnage, assez odieux il faut le dire, de Léon, la quarantaine désenchantée, est certainement le plus abouti. L’acteur y est vraiment épatant. Vincent Macaigne, encore peu connu du grand public et bientôt incontournable, ne donne pas à son personnage Bruno qu’un aspect ahuri et maladroit: on se prend à aimer ce « looser » magnifique, ultra-sensible et généreux. Quant à Ludivine Sagnier, toujours pétillante, elle confère à Chloé, son personnage, un charme obscur. C’est le talentueux Rob, déjà à l’origine de la bande originale de « Belle-Epine » qui est aux commandes de la partition musicale: son score électro transmet une émotion amère.