Faits divers à Paris: un chauffard renverse de nuit un piéton et prend la fuite. C’est le début de « Trois mondes », comme un banal encart qu’on lit trop souvent dans les journaux. Sauf que du haut de sa fenêtre dans ce quartier parisien (Laumière, dans le 19ème arrondissement), Juliette (Clotilde Hesme) étudiante parisienne a assisté à l’accident. Rentrée en contact avec Véra (Arta Dobroshi), la compagne moldave de l’accidenté, Juliette va s’enfoncer malgré elle dans une spirale noire, faite de drame, de culpabilité et d’attirances nouvelles…

Le film de Catherine Corsini est bien calibré côté polar, un peu moins côté faits de société. Mettons de côté certaines invraisemblances du scénario (la police est totalement absente, l’incroyable facilité avec laquelle Clotilde Hesme retrouve le chauffard…), on se laisse tout de même prendre par ces trois histoires individuelles qui n’auraient jamais du se rencontrer: une étudiante qui remet en question son couple, un jeune loup en pleine ascension professionnelle et une réfugiée moldave soudée par sa communauté.

Le personnage de Raphaël Personnaz (la révélation de La Princesse de Montpensier de Tavernier) reste celui qui est le plus creusé par le scénario: en pleine ascension professionnelle et personnelle dans une concession automobile de banlieue où règne M. Testard (excellent Jean-Pierre Malo), il est à quelques jours de son mariage avec Marion, la fille du patron (Adèle Haenel vue dans L’Apollonide). Son statut social change et fait forcément des envieux parmi ses collègues du garage, Franck en tête (Reda Ketab, parfait).

La dynamique et fluide réalisation de Catherine Corsini réussit à passer Trois mondes du film noir à des réflexions, certes trop souvent basiques, sur la culpabilité et l’attirance de deux êtres que tout oppose. Sur ce dernier thème, les jeunes et beaux Raphaël Personnaz et Clotilde Hesme (irrésistible depuis Angèle et Tony sont parfaits et ne pouvaient pas ne pas tomber amoureux…

Le film est accompagné d’une partition de Grégoire Hetzel qui ressemble un peu trop à s’y méprendre, sur un thème musical précis, à la très belle BO de Wojciech Kilar La Nuit nous appartient.