Une étrange créature venue de l’espace ayant l’apparence d’une pulpeuse jeune femme attire les hommes pour mieux les perdre. C’est le pitch du nouveau film de Jonathan Glazer « Under the Skin » et cela pourrait ressembler à celui d’une désuète et attachante séries B de science-fiction des années 1960. Sauf que ce film expérimental possède l’étrangeté d’un film de David Lynch (« Ereaserhead » et « Elephant Man » en particulier) et la plastique artistique d’un vidéaste contemporain.

Scarlett Johansson est cette alien croqueuse d’hommes, poitrine avenante au volant d’une camionnette blanche, qui repère ses proies dans les rues de Glasgow en Ecosse. Suivie et contrôlée par un mystérieux motard, elle semble avoir pour mission de supprimer, après d’aguichantes avances, uniquement la gente masculine. Tout ne se passera pas forcément comme prévu…

A la fois ovni et film expérimental (certaines scènes sont filmées en caméra cachée), « Under the skin » , malgré quelques séquences franchement monstrueuses, fascine par son ambiance mélancolique et glauque (des villes pluvieuses, des forêts ventées, des mers déchaînées) et sa violence frontale parfois insoutenable. La mise en scène et le cadre sont magnifiques, la bande originale de la compositrice Mica Levi belle et oppressante.

Rares sont les films sur les écrans qui bouleversent et revisitent les codes du cinéma, « Under the skin » est à ce titre passionnant.