Vous vous attendez à un film d’action sur le corps policier en Israël? Et bien pas du tout: ce premier film du réalisateur Nadav Lapid est une dénonciation cinglante de la société israélienne. Un pays qui se cherche et qu’une certaine jeunesse critique désormais ouvertement: disparités sociales, racisme contre les natifs arabes, marasme économique et corruption, etc.

Yaron (Yiftach Klein) est un policier qui appartient à un corps d’élite prestigieux. A l’heure où il va bientôt devenir père, il croise le chemin d’un groupe de jeunes contestataires idéalistes. Motivé d’un idéal de paix et d’égalité, le noyau, emmené par Nathanaël (Michael Aloni), un jeune homme charismatique dont s’éprend une des ses membres, la belle Shira (Yaara Pelzig), s’arme pour se faire entendre. Deux mondes violents vont alors se croiser.

Les films israéliens qui sortent sur nos écrans nous habituent depuis quelques années à de petites perles. Ces œuvres dénoncent les aberrations d’un système absurde, désuet et replié sur lui-même. C’était le cas en 2006 avec « Une jeunesse comme aucune autre » de Vidi Bilu et Dalia Hager. C’est également le cas avec « Le Policier » qui débute par des camaraderies et finit dans le sang.

La mise en scène de ce jeune réalisateur surprenante de sobriété, le récit gagne en tension dramatique pour s’achever sur un final saisissant et effroyable. Quelques longueurs ponctuent le film dans sa première heure: on y découvre l’univers banal et faussement viril de ce policier sûr de lui et arrogant. La deuxième partie du film met en scène le groupe de « terroristes »: jeunes idéalistes bourgeois qui refusent le monde dans lequel ils vivent.

« Le Policier » est un film surprenant, courageux et parfaitement maîtrisé.